Aujourd’hui, nous donnons la parole à Thierry Barret, président et cofondateur de Saint Quentin Gestion, syndic familial avec lequel nous avons finalisé un premier chantier de rénovation énergétique complète dans le 15e arrondissement de Paris. Il nous livre sonretour d’expérience, sans langue de bois, en réponse aux questions d’Aimé de la Villejégu.
Les attentes des copropriétaires évoluent avec la crise énergétique
Les charges explosent, mais on peut les maîtriser
Thierry Barret, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Thierry Barret : Bien sûr ! J’ai plus de 30 ans de carrière dans l’immobilier, principalement dans de grands groupes. En 2020, avec deux associés, nous avons fondé Saint Quentin Gestion, un cabinet indépendant à taille humaine. Nous gérons aujourd’hui plus de 70 immeubles, en majorité à Paris et en proche banlieue.
Qu’est-ce qui a le plus changé dans votre métier ces dernières années ?
Thierry Barret : Clairement, la crise énergétique a rebattu les cartes. Les copropriétaires sont de plus en plus attentifs à leur consommation, aux hausses du gaz ou de l’électricité, et à la maîtrise des charges. Cela nous pousse à être plus proactifs, notamment dans la gestion prévisionnelle des dépenses.
Le métier de syndic est mal connu mais passionnant
Et côté ressources humaines, c’est difficile de recruter ?
Thierry Barret : Absolument. Le métier de gestionnaire de copropriété souffre encore d’un déficit d’image. Pourtant, c’est un métier passionnant, fait de rencontres, d’actions concrètes, de suivi de long terme. On est vraiment dans la vie des gens, et cela demande rigueur, fiabilité, et beaucoup d’écoute.
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Face à l’inflation, il faut réagir vite sur les impayés
La réactivité est clé dans la gestion des impayés
Les impayés ont fortement augmenté en 2023 et en 2024. Quel est votre constat ?
Thierry Barret : C’est vrai. Les hausses des charges, notamment liées à l’énergie, sont parfois brutales. Mais l’important, c’est la réactivité : un impayé traité tôt, c’est un problème évité. On travaille aussi avec les conseils syndicaux pour renégocier les contrats et optimiser les budgets.
La rénovation énergétique est une réponse à la hausse des charges
Comment convaincre les copropriétaires d’investir dans des travaux de rénovation énergétique quand les charges augmentent ?
Thierry Barret : Il faut montrer que certains travaux sont une opportunité d’économies, pas une dépense sèche. Avec un AMO, on peut identifier les aides, anticiper les économies, proposer des scénarios de financement comme l’éco-PTZ copropriété. C’est aussi une question de valorisation du bien à moyen terme.
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Une rénovation globale, ce n’est pas juste changer une chaudière
Avant, on faisait des travaux. Aujourd’hui, on pense en stratégie énergétique
Aviez-vous déjà conduit un projet de rénovation énergétique globale ?
Thierry Barret : Avant celui-ci, non. On avait géré des chantiers, des remplacements de chaudières, des ravalements… mais jamais de projet structuré autour du DPE collectif et du PPPT. C’est un changement de paradigme pour les syndics. En plus de l’architecte et des entreprises de travaux, il y a tout un tas de professionnels qui doivent être sollicité au bon moment : le bureau de contrôle par exemple, le CSPS. Il faut lancer le diagnostic amiante avant travaux au bon moment, alors que l’on pensait qu’avec le Diagnostic Amiante Réglementaire on rentrait dans les clous. Et bien sûr la dommage ouvrage.
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“La pédagogie est essentielle face à la complexité des dispositifs”
Quelle est la perception des copropriétaires sur ce sujet ?
Thierry Barret : Ils sont souvent perdus ! Entre DTG, PPPT, DPE collectif, CoachCopro, MaPrimeRénov’ Copropriété... le vocabulaire est technique, mouvant, et nécessite une vraie pédagogie. Notre rôle est d’expliquer, de simplifier, d’accompagner.
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Retour d’expérience : une rénovation réussie dans le 15e
“Une opportunité saisie à partir d’un simple projet de persiennes”
Parlez-nous du projet mené avec Amoa dans le 15e arrondissement.
Thierry Barret : C’est parti… d’un copropriétaire qui voulait rénover ses persiennes ! L’échafaudage nécessaire a soulevé la question de la façade, puis de la toiture, puis de la chaudière. De fil en aiguille, on a monté un bouquet de travaux cohérent, intégrant l’isolation thermique, le remplacement de la chaudière, et des travaux privatifs d’intérêt collectif. Tout cela avec des aides, et une stratégie de financement claire.
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“Un bouquet de travaux cohérent, voté à l’unanimité”
Y a-t-il eu des freins au vote ?
Thierry Barret : Aucun. Le projet a été voté à l’unanimité, car les copropriétaires comprenaient qu’il s’agissait de préserver leur patrimoine et d’améliorer leur confort. Quand vous dites à quelqu’un qu’il peut gagner deux étiquettes DPE, réduire ses charges, et bénéficier d’un prêt à taux zéro sur 20 ans, les objections tombent vite.
Obtenir des devis de MOE et AMOL’éco-PTZ est une vraie usine à gaz à gérer
“La gestion des documents bancaires est très chronophage”
Comment s’est passée la gestion du financement par l’éco-PTZ ?
Thierry Barret : C’est un gros morceau. Collecte des données personnelles, relances, réunions sur site le samedi matin… Il faut beaucoup d’énergie pour coordonner les copropriétaires et les documents demandés par les banques. Ce n’est pas valorisé à sa juste mesure, mais c’est indispensable.
“Même avec des prêts, il faut mobiliser les copropriétaires”
Certains copropriétaires ont-ils financé sans prêt ?
Thierry Barret : Oui, certains ont préféré payer comptant. Mais il a quand même fallu anticiper les appels de fonds, collecter les participations, et s’assurer de la trésorerie nécessaire. La gestion d’une rénovation globale, c’est une orchestration complète, et cela va bien au-delà d’un simple vote en AG.

Pour réussir, il faut être bien entouré
“L’AMO, le bureau d’études, le MOE : les piliers du succès”
Quel conseil donneriez-vous à vos confrères syndics ?
Thierry Barret : Ne vous lancez pas seuls. Entourez-vous d’un bon AMO, d’un maître d’œuvre compétent, d’un bureau d’études fiable. Et prenez le temps de maîtriser les dispositifs d’aides, comme le PPPT, le DPE collectif, les CEE ou les subtilités de MaPrimeRénov’ Copropriété.
Et côté bonnes pratiques ?
Thierry Barret : Prévoyez du temps. Beaucoup de temps. Et considérez cela comme un investissement sur le long terme, pas juste une mission ponctuelle.
“Acquérir une spécialité en rénovation énergétique”
Souhaitez-vous renouveler l’expérience ?
Thierry Barret : Oui, et d’ailleurs nous avons trois nouveaux projets en cours. Ce sont des opportunités d’améliorer le confort des occupants, de valoriser les biens, et de contribuer à une copropriété plus durable. Et puis on a tellement appris qu’on se sent prêts à capitaliser sur cette nouvelle expertise métier.
Il faut aimer les gens pour faire ce métier
“La richesse humaine avant tout”
Pour finir, pourquoi aimez-vous encore votre métier de syndic ?
Thierry Barret : Parce que c’est un métier humain, riche de rencontres et de responsabilités. On gère des immeubles, oui, mais surtout des relations de confiance. Et même si ce n’est pas toujours simple, c’est cette proximité qui rend le métier profondément enrichissant.

FAQ
Le syndic est un acteur central : il prépare les décisions d’assemblée générale, coordonne les prestataires (AMO, bureau d’études, maître d’œuvre), gère les appels de fonds et peut accompagner les démarches de financement, comme l’éco-PTZ collectif. Il joue un rôle de chef d’orchestre au service du projet.
Oui, certains travaux privatifs d’intérêt collectif (ex : remplacement des fenêtres, volets, radiateurs) peuvent être intégrés à un projet de rénovation globale s’ils sont votés par l’AG et pilotés par le syndic. Ils sont alors éligibles à certaines aides, ce qui permet de mutualiser coûts et financements.
Ils incluent le suivi du chantier, la gestion des appels de fonds, le traitement des impayés, le montage de l’éco-PTZ, la coordination avec les prestataires et la réception des travaux. Ces honoraires couvrent un rôle clé dans la sécurisation du projet.
